Voilà plus de deux
mois que nous sommes rentrés en Belgique. Il est donc grand temps de clôturer
notre chapitre canadien et par la même occasion ce blog.
Si nous sommes
revenus, c’est que, forcément, certains
aspects du Québec ne nous plaisaient pas. Ceci étant, il a fallu bien réfléchir
car les côtés positifs n’étaient pas négligeables. Nous avions deux
solutions ; rentrer ou continuer l’aventure en British Columbia, sur la
côte Pacifique.
Vivre au sein d’une
société différente est une aventure quotidienne faite de rencontres, de
découvertes, de bonnes et de mauvaises expériences mais, ce qui a finalement emporté
la décision est que, en Belgique, nous avions une vie sportive et sociale bien
remplie et surtout que nos amis nous
manquaient.
Ci-dessous, nous
avons tenté de donner quelques exemples de ce qui, à nos yeux, avait de l’importance ;
nous y évoquons les côtés positifs et négatifs du Québec.
Le retour n’est
en aucun cas un échec et ne pas tenter cette aventure aurait été une erreur.
Ce qui ne nous plaisait pas
La mentalité
québécoise :
Peut-être est-ce dû à leur isolement
linguistique mais nous avons eu l’impression de vivre dans une société repliée
sur elle-même. Beaucoup de québécois ne parlent pas l’anglais et ne manifestent
pas un intérêt débordant pour tout ce qui se passe hors des frontières de la
Belle Province. Dans la vie courante nous avons constaté que les gens sont très
individualistes et assez renfermés.
Il est donc difficile de développer une vie
sociale dans de telles conditions, sauf avec les étrangers… D’ailleurs pas mal
de français ou de belges établis depuis plusieurs années là-bas nous ont avoué
avoir peu d’amis québécois.
Les langues : Malgré le fait d’être entourés de trois
cent millions d’anglophones, le niveau d’anglais est, excepté à Montréal,
relativement faible ; beaucoup ne le parlent pas et peu font l’effort de l’apprendre.
Un peu comme chez nous quoi… Dans notre région, en Estrie, il y a 23% d’anglophones
et, eux par contre, parlent presque tous le français…
De Belgique ou de
France, nous avons tendance à apporter notre soutien à ces « pauvres
cousins francophones d’Amérique ». Hors, quand on est sur place, on se
rend compte que le Québec est tout à fait autonome quant à l’usage des langues
dans la province (Loi 101) et que les francophones d’autres provinces ont accès
aux services des autorités fédérales dans leur langue. Par contre, au sein de
la province, il y a une tendance à essayer d’occulter la présence historique anglophone
en francisant les noms de certains villages par exemple.
Certains
québécois se veulent les défenseurs de la langue française et reprochent aux
français et belges d’employer trop d’anglicismes. Autant savoir qu’ils en
emploient au moins autant que nous (mais pas les mêmes) et qu’ils ont même francisé
des mots anglais, ce dont beaucoup ne se rendent pas compte à cause de leur
faible connaissance de cette langue.
L’orthographe est
une catastrophe, médias, magasins, publicités, etc. On peut dénicher des fautes un peu partout.
Recevoir un courriel, que ce soit d’une banque, d’un employeur ou d’une
connaissance ferait le bonheur d’un prof de français adepte du bic rouge…
Les soins de
santé : Certains
vantent le système de santé québécois pour sa gratuité. C’est probablement son
seul côté positif, et encore, certains frais ne sont pas remboursés (dentiste
ou kiné par exemple). Temps d’attente extrêmement longs aux urgences,
difficulté d’avoir accès à un médecin généraliste ou délais d’attente pour
subir une opération sont autant d’atouts pour l’émergence d’une médecine à deux
vitesses favorisant ceux qui peuvent
s’offrir les services de cliniques privées.
Le monde du
travail : Contrairement
aux idées reçues, votre expérience professionnelle n’aura aucune valeur si elle
n’est pas québécoise et votre diplôme ne vaudra rien tant que vous n’aurez pas
fait son équivalence. Nous savions que certains métiers étaient protégés par
leur ordre respectif (médecin, ingénieur, kiné, enseignant). Ce qui veut dire
que si un médecin étranger veut exercer, il lui faudra recommencer toutes ses
études alors qu’il lui suffirait juste
d’une mise à niveau. Ce que nous ne savions pas, c’est que dans le domaine de
la finance ou de la banque, il faut également passer des certifications de toutes sortes
avant de pouvoir conseiller ou même postuler au Québec. Ceci vaut également pour
les Canadiens hors Québec, ce qui est plus aberrant.
Les Babyboomers
prennent en ce moment leur retraite, c’est pourquoi le gouvernement organise
des immigrations massives. Malgré tout, il faut compter, en moyenne, entre six
mois et un an pour obtenir un job convenable. Délais qui peuvent s’avérer plus
long hors des grandes villes que sont Montréal et Québec.
Les contrats
écrits existent très rarement. Vous postulez pour un job mais il se peut que,
In fine, vous ayez une autre position qui n’est pas nécessairement des plus
avantageuses. Il est « normal » de réduire vos heures. Vous postulez
pour un 40h/semaine et vous pouvez vous retrouver avec un 15h/semaine voir être
en appel (réserve). Si en Belgique on a
été intérimaire, alors il n’y a aucune différence de système : salaire
hebdomadaire, terminaison du « contrat » à tout moment (on peut vous
demander le vendredi de ne plus revenir le lundi ou au mieux on vous donne deux
semaines de préavis, même après des années de carrière). Le choix de travailler
pour une compagnie plutôt qu’une autre, pourra être déterminé par les avantages extra-légaux proposés comme les
assurances groupes comprenant idéalement les soins dentaires et un plan pension.
Ce qui n’est pas négligeable.
Point important,
les québécois ont encore moins de jours de congé que les américains :
après un an, ils en auront 10...
Nous avons
constaté, dans nos expériences professionnelles respectives (analyste
financière, conseillère et vendeur spécialisé), que les employés peuvent râler
sur la précarité de leur emploi ou la surcharge de travail mais ils n’iront
jamais se plaindre auprès de leur supérieur (refus du conflit). Nous avons
aussi constaté un manque de proactivité et de créativité. Ex : au lieu de
demander à un informaticien de configurer une imprimante plus proche sur leur
ordinateur, ils vont continuer à faire une centaine de mètres pour récupérer
leur copie (sans exagérer).
La politique : Le sujet qui fâche. En tant
qu’étranger, on ne peut évidemment pas trop critiquer le système politique,
c’est mal vu. Mais bon, il est désolant de voir à quel point la politique
québécoise (du niveau municipal au niveau national) est soumise à des groupes
d’influences qui orientent les décisions politiques par la collusion, voire la
corruption, ce qui grève évidemment lourdement les budgets.
La grève
estudiantine de cette année est un bel exemple du manque de respect du
gouvernement pour ses administrés; refus du dialogue, actions judiciaires et
campagnes dénigrantes à l’encontre de ces jeunes appelés à représenter l’avenir
du Québec.
A l’heure d’écrire
ces lignes les électeurs ont porté au pouvoir le Parti Québécois de Pauline
Marois. Celle-ci a supprimé la hausse des frais de scolarité et abrogé la loi
spéciale prise à l’encontre des étudiants. La fermeture de l’unique centrale
nucléaire a également été décidée ainsi que le refus d’exploiter le gaz de schiste
(très polluant). C’est un bon début et nous espérons voir là un signe
annonciateur d’une politique plus efficace et plus respectueuse.
Ce qui nous plaisait
Le climat : Des étés chauds et ensoleillés,
des hivers froids et enneigés, des automnes colorés et des printemps un peu
courts… car l’hiver peut s’incruster longtemps. Beaucoup nous avaient mis en
garde à propos de la rigueur hivernale mais nous avons aimé nos balades par
-20°, nos journées de ski ou même l’un ou l’autre jogging dans la poudreuse.
Même les côtés moins ludiques comme le déneigement de la voiture, le dégagement
de l’accès à notre maison ou le temps passé à s’habiller avant chaque sortie ne
nous gênaient pas.
Notre
environnement : Magog est une petite ville touristique très
agréable au cœur d’une région vallonnée. Le lac Memphremagog nous accueillait
pour nos baignades estivales et pour nos promenades hivernales. Le Parc
National du Mont Orford était notre terrain de jeu favori ; ski et
raquette en hiver, course à pied et vélo en été, balades toute l’année.
Nous vivions près
des Etas Unis, ce qui nous permettait de changer de monde en quelques minutes.
Calme : Les québécois n’aiment pas le
conflit. Les gens ne râlent pas dans les files d’attente ou ne s’offusquent pas
de devoir attendre 9h aux urgences.
Aussi, même s’ils
ne roulent pas toujours très bien, circuler en voiture est beaucoup plus
agréable qu’en Belgique ; pas de coups de klaxon et pas d’agressivité. Mais
on ne va quand même pas aller jusqu’à affirmer qu’ils sont courtois. D’ailleurs
on s’en rend vite compte car en tant que cycliste on représente plutôt un
intrus en ville et même en dehors.
Bien sûr, le
revers de la médaille est que, ce refus du conflit peut engendrer des
comportements hypocrites ou médisants ; nous avons pu remarquer dans nos emplois
respectifs que sourire devant quelqu’un et le dénigrer dans son dos est extrêmement
courant
L’entreprenariat : Créer une société ou devenir
travailleur autonome est d’une grande simplicité et peu onéreux. Comme les
seuls impôts sont payés en fin d’année, il y a moins de risque de se trouvé
étranglé financièrement qu’en Belgique.
Didier et
Angélique